La technique neuro-émotionnelle (NET) est une approche dite corps-esprit visant à réduire un état de stress ou une charge émotionnelle qui affecte le corps physique. À noter qu’il ne s’agit ni de psychothérapie ni de thérapie verbale. L’objectif n’est pas nécessairement de mieux se comprendre en tant qu’individu ou de cheminer dans une découverte de soi, mais plutôt de se concentrer sur l’aspect physique, en particulier le système musculosquelettique.
Cette technique a été développée dans les années 1980. Depuis, plus d’une trentaine d’articles scientifiques ont été publiés à son sujet. En 2021, Sébastien s’est rendu à Chicago pour suivre la formation de base. Il a ensuite poursuivi son apprentissage avec les niveaux supérieurs. Il est bien établi que les états anxieux ou post-traumatiques sont souvent associés à la douleur chronique. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à consulter le blog précédent sur la théorie polyvagale. En thérapie manuelle, la grande question reste toujours : comment surmonter les douleurs persistantes ? Cette technique pourrait être faite pour vous si les thérapeutes réussissent à soulager temporairement vos douleurs, mais que celles-ci reviennent de manière récurrente.
Comment ça fonctionne ?
Le NET est une approche corps-esprit qui, en simplifiant, vise à rétablir l’équilibre entre le système nerveux parasympathique et sympathique. Les événements émotionnels que nous vivons ainsi que les stresseurs quotidiens amènent de nombreuses personnes à basculer dans une dominance sympathique (voir l’article sur la théorie polyvagale).
Le NET propose une méthode participative où la personne identifie elle-même un élément qui lui cause du stress ou lui évoque une émotion négative. Cette perception est confirmée par le praticien à l’aide d’un test musculaire manuel (Monti et al., 1999). Par la suite, la technique inclut une séquence de respiration et de percussions vertébrales, visant à stimuler certaines zones du cerveau capables de modifier le lien entre une situation et un stresseur. Le système nerveux parasympathique est ainsi activé.
La technique se distingue par sa simplicité déconcertante. Si vous avez bien assimilé les concepts de l’article sur la théorie polyvagale, vous comprenez désormais que, par exemple, un événement émotionnel marquant vécu lors d’une balade en voiture pourrait conditionner votre système nerveux. Dès lors, simplement être en voiture peut activer une boucle neurologique indésirable, entraînant des tensions musculaires par des mécanismes liés au système nerveux sympathique (modifications de la respiration, serrement de dents, augmentation du tonus des muscles respiratoires accessoires, etc.).
Le NET se positionne donc comme une technique efficace pour réduire le stress et les tensions musculosquelettiques, quelle que soit la sphère de votre vie affectée (amour, travail, vie personnelle, etc.). C’est une méthode simple, rapide et non invasive, qui s’intègre parfaitement dans une séance d’ostéopathie.
Qu'est-ce que disent les études?
Monti et al. (2017) ont démontré, dans un essai randomisé contrôlé en double aveugle à l’aide de l’IRM fonctionnelle (IRMf), les effets avant-après chez des personnes ayant vécu un événement émotionnel significatif en contexte médical. Spécifiquement, les régions cérébrales impliquées dans les souvenirs traumatiques et la détresse, telles que le tronc cérébral, l'insula, le gyrus cingulaire antérieur et le parahippocampe, présentaient une activité significativement réduite après l'intervention NET. Cette diminution de l’activité cérébrale était associée à une amélioration clinique des symptômes. Il est possible d’observer sur les images IRMf une différence claire entre l’avant et l’après, reflétant les changements dans la physiologie du cerveau.

Monti et al. (2018) ont démontré une réduction des symptômes de stress post-traumatique ainsi qu’une modification de l’activité du système nerveux autonome dans un groupe de patients. Sur l’image ci-dessous, on peut observer une diminution de la fréquence cardiaque lorsque la personne est confrontée à l’émotion ou au stresseur initial. L’augmentation aberrante de la fréquence cardiaque est généralement accompagnée d’une activation excessive de toute la chaîne du système nerveux sympathique, un phénomène qui contribue souvent à la douleur chronique.

Bablis et al. (2022) ont démontré, dans un essai randomisé contrôlé en double aveugle, une diminution significative de la lombalgie chronique (douleur au bas du dos) chez des patients, ainsi qu’une réduction de leur niveau de stress. De plus, les marqueurs inflammatoires ont également diminué de manière significative chez les 112 participants de l’étude. Des résultats similaires avaient déjà été rapportés dans d’autres publications scientifiques (Bablis et al., 2016). Les mêmes auteurs ont également montré que les bénéfices de cette intervention sont maintenus jusqu’à 6 mois après seulement huit séances (Bablis et al., 2023).
Cette technique peut être appliquée efficacement à différentes populations, notamment aux femmes enceintes (Peterson et al., 2012).
Il y a près de 50 ans, Engel (1977) soulignait la nécessité d’un nouveau modèle de soins : le modèle biopsychosocial. Cette technique s’inscrit parfaitement dans cette vision et vient enrichir l’approche manuelle ostéopathique. Vous êtes curieux ? N’hésitez pas à en parler à Sébastien !
Comme mentionné plus haut, cette technique n’est pas une psychothérapie et ne remplace en aucun cas un suivi psychothérapeutique. Elle n’est pas non plus une méthode de "coaching" ou de "thérapie verbale". Au contraire, cette technique constitue un excellent complément si vous êtes actuellement en psychothérapie. Sébastien a l’habitude de collaborer avec des professionnels de la santé mentale pour offrir un accompagnement intégré et adapté aux besoins de chacun.
Monti, D. A., Tobia, A., Stoner, M., Wintering, N., Matthews, M., He, X. S., Doucet, G., Chervoneva, I., Tracy, J. I., & Newberg, A. B. (2017). Neuro emotional technique effects on brain physiology in cancer patients with traumatic stress symptoms: preliminary findings. Journal of cancer survivorship : research and practice, 11(4), 438–446. https://doi.org/10.1007/s11764-017-0601-8
Monti, D. A., Tobia, A., Stoner, M., Wintering, N., Matthews, M., Conklin, C. J., Mohamed, F. B., Chervoneva, I., & Newberg, A. B. (2018). Changes in cerebellar functional connectivity and autonomic regulation in cancer patients treated with the Neuro Emotional Technique for traumatic stress symptoms. Journal of cancer survivorship : research and practice, 12(1), 145–153. https://doi.org/10.1007/s11764-017-0653-9
Monti, D. A., Sinnott, J., Marchese, M., Kunkle, E. J. S., & Greeson, J. M. (1999). Validation of the mind/body paradigm: Scientific validation of the mind/body paradigm & muscle testing. Perceptual and Motor Skills, 88(3), 1019–1028. https://doi.org/10.2466/pms.1999.88.3.1019
Bablis, P., Pollard, H., & Rosner, A. L. (2022). Stress reduction via neuro-emotional technique to achieve the simultaneous resolution of chronic low back pain with multiple inflammatory and biobehavioural indicators: A randomized, double-blinded, placebo-controlled trial. Journal of integrative medicine, 20(2), 135–144. https://doi.org/10.1016/j.joim.2021.12.001
Bablis, P., & Pollard, H. (2016). NET correlated with improvements in pain and disability in chronic low back pain sufferers: Feasibility study of the short-term effects of Neuro Emotional Technique for chronic low back pain. Chiropractic Journal of Australia, 44(4), 266–282.
Bablis, P., Pollard, H., & Rosner, A. (2023). Resilience shown in maintenance monitoring of Neuro-Emotional Technique effects on chronic low back pain: A further analysis of a randomized controlled trial. Manuscrit soumis pour publication.
Peterson, C. D., Haas, M., & Gregory, W. T. (2012). A pilot randomized controlled trial comparing the efficacy of exercise, spinal manipulation, and neuro emotional technique (NET) for the treatment of pregnancy-related low back pain. Chiropractic & Manual Therapies, 20(1), 18. https://doi.org/10.1186/2045-709X-20-18
Engel G. L. (1977). The need for a new medical model: a challenge for biomedicine. Science (New York, N.Y.), 196(4286), 129–136. https://doi.org/10.1126/science.847460
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